A. GRIGOLINI (France.tv Slash) : «Le documentaire est un genre qui nous tient à cœur»

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France.Tv Slash, chaîne numérique du service public à destination des jeunes adultes, a prouvé sa force et son utilité en deux ans. Présente à Biarritz pour le FIPADOC, la chaîne recherche davantage de documentaires ancrés dans le réel. L’occasion pour média+ de faire le point avec Antonio GRIGOLINI, Directeur de France.Tv Slash.

MEDIA +

Quelle place accordez-vous au documentaire au sein de Slash ?

ANTONIO GRIGOLINI 

Le documentaire est un genre qui nous tient à cœur. Nous avons encore beaucoup de choses à expérimenter, notamment en matière de format. Nous cherchons des séries documentaires feuilletonnantes. Pour exemple, «Océan», autoportrait intime d’un homme trans qui raconte sa transition à la première personne, a été un beau succès sur France.tv Slash. Les jeunes adultes ne fuient pas le documentaire. Charge à nous de les intéresser et de les engager avec des histoires qui les captivent.

MEDIA +

Recevez-vous beaucoup de demandes et de projets ?

ANTONIO GRIGOLINI 

Nous avons beaucoup de sollicitations. De plus, j’observe que les créateurs et les producteurs ont compris ce que nous cherchons à faire. Ils sont en phase avec notre ligne éditoriale et nous proposent des projets cohérents.

MEDIA +

Vous êtes une chaîne numérique. Est-ce un réel atout ?

ANTONIO GRIGOLINI 

Le numérique nous permet d’être flexible et de pouvoir adapter et gérer facilement les histoires que nous souhaitons raconter. Mais il y a aussi une contrainte très forte : nous sommes en concurrence avec l’internet francophone, voire mondial. De plus, nous avons encore plus besoin de capter et tenir l’attention de notre public. Enfin, nous n’avons pas, par définition, la puissance d’une chaîne linéaire qui peut nous assurer un minimum d’audience lors de la sortie d’un nouveau programme. C’est à nous d’aller chercher l’utilisateur et de le convaincre de tester ce nouveau programme.

MEDIA +

Mais vous avez une communauté assez forte …

ANTONIO GRIGOLINI 

Nous avons en effet la chance d’avoir une certaine communauté sur les réseaux sociaux. Nous cherchons encore à communiquer avec, à l’entretenir et à la nourrir pour ainsi l’élargir. Nous avons besoin de ces retours pour développer d’autres formats et contenus.

MEDIA +

Quel est bilan pour Slash ?

ANTONIO GRIGOLINI 

Au bout de deux ans, nous sommes la preuve qu’un acteur du service public peut proposer une offre en ligne à la fois comprise et utile pour les jeunes adultes. Pour rappel, lors de notre lancement, nos objectifs étaient de renouer le lien avec les jeunes adultes et d’être utiles.

MEDIA +

Êtes-vous satisfait du budget proposé à Slash ?

ANTONIO GRIGOLINI 

Nous avons les moyens de nos ambitions et ces derniers nous permettent de proposer des programmes utiles aux utilisateurs et nous en sommes fiers. Avec nos partenaires producteurs, nous essayons de renouveler les manières de produire. Nous ne sommes pas dans une stratégie d’acquisitions étrangères.

MEDIA +

Ne souffrez-vous pas trop de l’image forte de «Skam France» ?

ANTONIO GRIGOLINI 

Que ce soit en matière de proposition ou d’audience, «Skam France» est notre série phare et nous en sommes évidemment très satisfaits. Cette série nous permet d’attirer le public sur notre plateforme et de découvrir ainsi nos autres programmes. Dernièrement, «Mental» a réussi à se démarquer, mais aussi «Océan» en documentaire ou «Sexy Soucis» en magazine.

MEDIA +

Quel est le programme pour 2020 ?

ANTONIO GRIGOLINI 

Alors que la saison 5 de «Skam France» (une création 100% française) performe, nous proposerons dans quelques semaines la saison 6. Les saisons 7 et 8 sont quant à elles encore en discussion. Nous allons aussi prochainement diffuser «Invisibles», un documentaire traitant du digital labor, ainsi qu’un autre documentaire ambitieux, «Hikkikomori», traitant du cas des jeunes qui s’isolent et ne vivent que via internet. Enfin, d’autres volets de notre collection de portraits de jeunes artistes, «Jump», sont en préparation.