A. VIAU (TF1) : «Nous avons plus de 23 nouveautés qui arrivent, dont 16 créations»

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TF1 poursuit sa stratégie de «premiumisation» des  fictions françaises. Une ambition récompensée à la fois par les retours critiques et les résultats d’audience. Dernier exemple en date, le succès phénoménal de la série «HPI» qui enchaîne les records et enregistre jusqu’à 12,4 millions de téléspectateurs en audience consolidée, un record depuis 16 ans. Analyse et détails avec Anne VIAU, Directrice Artistique de la Fiction Française de TF1.

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La série «HPI», comment expliquez-vous un tel succès ?

ANNE VIAU

Il faut reconnaître que c’est une réussite particulièrement spectaculaire et réjouissante. Depuis la signature du projet, on y a beaucoup cru. Ça a été un coup de cœur à la fois pour le concept de la série et le personnage de Morgane Alvaro, son talent et sa gouaille. Dès la deuxième semaine de diffusion sur TF1, on a pu confirmer que c’était devenu un phénomène. «HPI» enregistre des audiences records depuis 2005 en nombre de téléspectateurs. C’est devenu la fiction la plus regardée depuis 16 ans en France.

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Comment analysez-vous ce plébiscite ?

ANNE VIAU

C’est essentiellement lié à la qualité de la série, à son originalité et à la force de son personnage. Elle parle à beaucoup de téléspectateurs. On peut facilement se projeter dans ce personnage populaire et sans filtre. Dans une époque particulièrement morose, il y a quelque chose de jubilatoire à regarder cette série. Le succès salue aussi la rencontre entre une comédienne, Audrey Fleurot, et son personnage joyeux, truculent qui dit tout haut ce que tout le monde pense tout bas. D’autres alchimies de ce type se sont produites avec Tomer Sisley et «Balthazar», Isabelle Nanty et «Munch», JoeyStarr et «Le Remplaçant».

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La mise à disposition de l’intégralité de «HPI» sur Salto n’est-elle pas venue perturber la diffusion linéaire?

ANNE VIAU

Absolument pas ! Il s’agit d’un cercle vertueux. Les audiences se répondent et s’ajoutent. Il y a eu aussi un phénomène de bouche-à-oreille. Beaucoup de téléspectateurs qui ne sont pas habitués à regarder des fictions sur TF1 viennent à ce rendez-vous. Le tournage de la saison 2 de «HPI» (8X52’) démarrera en octobre. On espère proposer de nombreuses autres saisons.

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La stratégie de «premiumisation» de vos fictions se poursuit-elle ?

ANNE VIAU

Oui, c’est la feuille de route qui m’a été confiée. En premiumisant l’offre, nous proposons du spectacle et du divertissement de grande qualité dans des registres et des formats très différents. Que ce soit avec nos feuilletons quotidiens dont le dernier en date, «Ici tout commence», est salué pour sa qualité de production, son casting 5 étoiles et son audace dans l’écriture. Ou encore avec des séries récurrentes incarnées par des comédiens de premier plan, une écriture soignée et de belles valeurs de production. Mais aussi nos unitaires de fictions sociétales qui abordent des sujets engagés comme les violences conjugales, le harcèlement, la question du genre ou prochainement les violences sexuelles dans le sport. Pour finir, nos mini-séries offrent aux téléspectateurs du cinéma à la maison. Elles permettent aux histoires de se déployer sur plusieurs soirées et accueillent des castings prestigieux. Nous avons aussi à cœur de découvrir et faire grandir des talents, qu’ils soient comédiens, auteurs, réalisateurs et d’aller chercher de nouvelles signatures comme Anne Landois à qui l’on doit «La Promesse», ou Clément Michel qui vient de réaliser «Il est elle».    

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Explorez-vous de nouveaux territoires ?

ANNE VIAU

Oui, justement à travers ces mini-séries. Que ce soit dans la fiction fantastique avec «Plan B» ou «Visions» dont le tournage vient de démarrer avec Louane, mais aussi dans la fiction «Young Adult» qui aborde des sujets très concernant pour la jeune génération comme avec «Fugueuse» sur la prostitution adolescente. On explore aussi le thriller féminin avec «Mensonges» incarné par Arnaud Ducret et Audrey Fleurot.

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Pour laisser la place aux nouvelles fictions, il y a l’arrêt de marques historiques …

ANNE VIAU

Oui, et je peux comprendre que cela soit un crève-cœur pour les comédiens et le public. Mais c’est le cycle de vie d’une fiction qui a connu de nombreuses saisons : au bout d’un certain temps, on a fait le tour des personnages et des histoires, c’est normal. Pour autant, on retrouvera avec plaisir les comédiens de ces séries dans de nouveaux rendez-vous. A commencer par Marine Delterme qui vient de tourner «Loin de chez moi» avec Marc Lavoine, ou encore Philippe Bas que l’on retrouvera dans le «Saut du diable», une fiction unitaire d’aventure. Pour ce qui est des marques historiques comme «Joséphine Ange Gardien» ou «Camping Paradis», elles  sont très appréciées des téléspectateurs et sont de plus très importantes pour le groupe TF1 : au-delà de leur diffusion inédite, elles fonctionnent également très bien en rediffusion sur TF1 comme sur d’autres chaînes du groupe.

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Quels sont les projets en cours ?

ANNE VIAU

Nous avons plus de 23 nouveautés qui arrivent, dont 16 créations TF1. «Une affaire française» va retracer le fait-divers du petit Grégory de manière extrêmement intelligente, sans prise de partie, avec la volonté de raconter le traitement médiatique des affaires judiciaires à l’époque. Au casting, Blandine Bellavoir, Guillaume Gouix, Gérard Jugnot, Gilbert Melki, etc. Je peux aussi vous citer «Syndrôme E» d’après le roman de Franck Thilliez avec Vincent Elbaz, Emmanuelle Béart, Jennifer Decker, Kool Shen et bien d’autres. Mais aussi «Une si longue vie», un thriller incarné par Mathilde Seigner et Jean-Pierre Darroussin, qui raconte l’histoire d’un jeune garçon qui va se retrouver au cœur d’une erreur judiciaire. Nous venons de débuter le tournage des «Combattantes» avec nos 4 héroïnes : Sofia Essaïdi, Julie de Bona, Camille Lou et Audrey Fleurot. La série raconte le destin de 4 femmes qui vont s’émanciper pendant la Première Guerre mondiale.