Benoît DANARD, Directeur des études des statistiques et de la prospective du CNC

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Le CNC vient de révéler un panorama du marché de la TV de rattrapage en France. Pour comprendre l’évolution de l’offre, de la consommation et du public, média+ s’est entretenu avec Benoît DANARD, Directeur des études des statistiques et de la prospective du CNC.

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La télévision de rattrapage, un marché qui arrive à maturité ?

Benoît DANARD

Non, il y a toujours un potentiel de croissance sur la Catch-Up TV. Avec 3,7 milliards de vidéos vues, le Replay enregistre 3 fois plus de visionnages qu’il y a 4 ans. La consommation s’est étendue et l’offre s’est enrichie sur tous les écrans. Le Replay ne se limite plus à l’ordinateur (40,1%). Il se développe sur les écrans mobiles (22,3%) et le poste de TV (37,5%). La consommation en rattrapage s’effectue quasiment aux mêmes heures que la TV traditionnelle. Le pic apparaît entre 19h et 22h. 46,1% des consommateurs regardent des programmes en Replay au moins une fois par semaine (contre 43,3% en 2013, ndlr). En globalité, les jeunes et notamment les 15-24 ans (79,3%) regardent la TV de rattrapage. La pratique est moins répandue sur les autres tranches d’âges. En revanche, nous observons une forte progression de la consommation sur la cible des 50 ans et plus : 60,7% de fidèles contre 32% il y a cinq ans. Nous savons déjà que les femmes (74%) consomment plus de Replay que les hommes (70%).

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«Plus belle la vie (France 3) est le programme qui enregistre chaque mois le plus grand nombre de vidéos vues. Que doit-on en déduire ? 

Benoît DANARD

Ce qui est fortement consommé, ce sont les programmes réguliers. Les émissions qui fonctionnent bien en Catch-Up TV sont généralement celles qui ont bien fonctionné à l’antenne. Le divertissement reste le programme le plus consommé (30,2%) devant la fiction (24,9%), les programmes jeunesse (14,5%), le magazine (7,2%), l’information (7,2%), le sport (2,7%) et le documentaire (0,6%). Toujours selon notre étude, 51,2% du public déclare avoir regardé les programmes de M6 en TV de rattrapage. TF1 (50,6%) se situe en 2ème position devant France 2 (29,3%), France 3 (19,0%), Arte (17,8%), Canal+ (15,9%) et France 5 (14,1%). Si nous analysons ce classement, il ne faut pas oublier que le Replay est une pratique très répondue chez les jeunes. Du coup, le public de M6 est sans doute plus proche de cet outil de rattrapage, quoi que les résultats sont très proches de ceux de TF1.

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Les chaînes sont-elles toujours dans la logique du +7 jours ?

Benoît DANARD

Plus de 60% des contenus sont accessibles plus de 30 jours et il n’y a que 35% des programmes disponibles entre 0 et 7 jours. Cela signifie que les sites de télévision de rattrapage deviennent des banques de programmes que l’on peut retrouver sur une très grande période. C’est le cas des JT. En revanche, fictions ou divertissements sont exposés sur des durées plus courtes. En moyenne, les chaînes historiques (TF1, France 2, France 3, Canal + en clair, France 5, M6 et Arte) proposent 7.364 heures de programmes chaque mois. Plus de 90% des programmes diffusés entre 17h et minuit sur les chaînes nationales historiques sont disponibles en TV de rattrapage sur internet, contre 49% sur les chaînes TNT et 37% sur les chaînes TNT HD. La marge de progression est importante.    

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Et sur le plan publicitaire ?

Benoît DANARD

C’est encore un petit marché qui présente un intérêt pour les régies et les annonceurs. En 2014, le chiffre d’affaires publicitaire de la TV de rattrapage est estimé à 80M€, contre 60M€ en 2013 (+33,3%). Ces proportions restent modestes.