C. BIENAIMÉ BESSE (CSA) : «La présence des femmes dans les médias atteint 41%. C’est inédit.»

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Le Conseil supérieur de l’audiovisuel (CSA) publie son rapport sur la représentation des femmes à la télévision et à la radio. Ce dernier, réalisé en collaboration avec l’INA, révèle une amélioration de la présence des femmes sur les antennes, notamment à la radio. L’occasion pour média+ de faire le point avec Carole BIENAIMÉ BESSE, membre du CSA.

MEDIA +

Quel bilan tirez-vous de ce rapport pour l’année 2019 ?

CAROLE BIENAIMÉ BESSE

Pour la première fois depuis 2016, la part des femmes présentes à l’antenne, télévision et radio confondues, dépasse la barre des 40% pour arriver à un taux de 41%, soit +2 points par rapport à 2018. C’est inédit, une très belle progression. Nous tirons un second constat : le temps de parole des femmes à l’antenne, télévision et radio confondues, mesuré par l’INA, est inférieur au taux de présence (36%), ce qui laisse supposer qu’à présence égale, les femmes s’expriment moins que les hommes. Enfin, troisième constat : à la radio, la présence des femmes est en hausse dans les matinales (41%, soit +2 points VS 2018) mais un temps de parole bien inférieur (32%). A la télévision, sur le créneau 21-23h, les femmes sont mieux représentées (45% contre 29% en 2018) pour un temps de parole de 39%.

MEDIA +

Qu’en est-il des femmes expertes dans les médias ?

CAROLE BIENAIMÉ BESSE

Le taux d’expertes, télévision et radio confondues, continue de progresser (38% d’expertes, soit +1 point par rapport à 2918 et +8 points par rapport à 2016). A noter que ce taux est le même pour le média radio et la télévision.

MEDIA +

Les médias vous écoutent-ils ?

CAROLE BIENAIMÉ BESSE

Nous remarquons une forte implication des antennes s’agissant de la diffusion de programmes luttant contre les violences faites aux femmes. Cela passe par des efforts conséquents pour aborder la question des violences faites aux femmes sous d’autres angles que les seuls faits divers, mais aussi par une mobilisation forte à l’occasion du Grenelle contre les violences conjugales et de la journée internationale de l’élimination des violences à l’égard des femmes. Cette mobilisation s’est avérée être très positive puisqu’elle a entraîné une hausse de la notoriété du numéro d’urgence, le 3919 : 9% en 2019 et 54% après la campagne du 3 septembre 2019.

MEDIA +

L’écart est-il important entre la télévision et la radio ?

CAROLE BIENAIMÉ BESSE

Si la télévision compte – pour la sixième année consécutive, il y a toujours plus de femmes sur ses antennes qu’ à la radio – l’écart se resserre. En 2019, la part des femmes toutes catégories confondues à la télévision atteint 42%. Ce taux atteint 40% pour le média radio. En comparaison, en 2018, le taux était respectivement de 42% pour les femmes à la télévision et de 37% pour les femmes à la radio.

MEDIA +

Que préconise le CSA ?

CAROLE BIENAIMÉ BESSE

Nous préconisons plusieurs actions: définir des objectifs de progression chiffrés pour améliorer la présence des femmes sur les antennes, en portant une attention particulière aux heures de fortes audiences ; renforcer la vigilance dans le choix des programmes déclarés au titre des programmes luttant contre les préjugés sexistes et les violences faites aux femmes, en prêtant une attention particulière à la diversité des genres et des formes de ces derniers;  et prendre en considération, en plus du taux de présence et du temps de parole des femmes, les conditions de leur expression en encourageant notamment les diffuseurs à veiller à limiter la pratique conduisant les hommes à interrompre les femmes lorsqu’elles s’expriment.

MEDIA +

Quelles sont les actions à venir pour le CSA ?

CAROLE BIENAIMÉ BESSE

Plusieurs actions sont à venir pour le CSA. Nous allons ainsi partager avec les éditeurs les nouveaux constats dressés à partir des visionnages d’émissions de téléréalité réalisés en 2019 et envisager des axes d’améliorations. Nous allons aussi mesurer l’efficacité des engagements pris par les professionnels du secteur de la publicité au sujet des stéréotypes mais aussi contribuer à la rédaction d’un guide de bonnes pratiques européennes dans le prolongement du rapport 2019 du groupe de travail de l’ERGA, «Gender diversity». Nous allons aussi participer au comité de pilotage de l’événement «Diplomatie féministe» à l’ONU et contribuer à la lutte contre le cyber harcèlement, la pornographie et plus généralement, les violences faites aux femmes et les images dégradantes sur les plateformes numériques.