Christine BOUILLET, Directrice de la programmation du Groupe M6

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Alors que le marché des séries, les «L.A. Screenings», se tient actuellement aux Etats-Unis, les chaînes étrangères font leur marché parmi les pilotes actuellement présentés par les Networks américains. En France, les chaînes scrutent ces nouveaux projets. Afin de comprendre plus globalement la logique d’acquisition de M6 en matière de séries, média+ s’est entretenu avec Christine BOUILLET, Directrice de la programmation du Groupe M6.

MEDIA +

Le Groupe M6 a acquis dernièrement de nombreuses séries. Quelle est votre logique d’achat ?

CHRISTINE BOUILLET

Nous sommes à la recherche de diversité et d’éclectisme dans le choix des séries que nous achetons. Le Groupe M6 dispose d’un public plutôt large et familial. C’est pourquoi nous privilégions particulièrement des séries destinées au Prime Time. Par ailleurs, nous sommes également à la recherche de séries plus pointues, pouvant convenir à des publics spécifiques.

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Quel genre de séries pointues achetez-vous ?

CHRISTINE BOUILLET

Ce sont des séries telles que «Californication» ou «Sons of Anarchy» dont le récit et le parti pris esthétique sont moins familiaux. Ces productions reposent sur des ressorts narratifs qui parlent à l’intelligence des téléspectateurs. Parmi les prochaines séries pointues diffusées sur M6, nous aurons «Sleepy Hollow» (Twentieth Century Fox Television), une série à l’ambiance sombre et brumeuse. Nous aurons aussi «Mistresses» (ABC Studios), une série autour de l’infidélité du point de vue des femmes. Nous ne savons pas encore si elle sera diffusée en Prime.

MEDIA +

Sur quoi reposent vos critères d’achats ?

CHRISTINE BOUILLET

C’est une synthèse de beaucoup de conditions. Nous voulons des séries pour lesquelles il y a un attachement immédiat aux personnages. Nous devons avoir de l’empathie pour eux. Les histoires doivent être immédiatement identifiables. Enfin, l’audience de la série est un critère important. Si elle n’est pas reconduite dans le pays créateur, l’exploitation sur nos antennes sera plus difficile.    

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Fonctionnez-vous aussi au coup de cœur ?

CHRISTINE BOUILLET

Nous ne pouvons pas toujours programmer la série pour laquelle nous avons un coup de cœur personnel. En revanche, lorsque nous sommes séduits à la fois par l’idée et l’universalité d’une production, cela peut fonctionner.

MEDIA +

Rappelez-nous vos dernières acquisitions ? 

CHRISTINE BOUILLET

Nous pouvons évoquer «Intelligence» (ABC Studios), «Agents of SHIELD» (ABC Studios), «Velvet» (Bambú Producciones), «The Last Ship» (Warner), «Reign» (CBS Paramount), «Legends» (Twentieth Century Fox Television) ou encore «Witches of East End» (Twentieth Century Fox Television) actuellement diffusée sur 6ter. Nous aurons aussi la saison 2 de «Under The Dome» sur M6. Diffusée fin juin, début juillet aux Etats-Unis, notre objectif sera de la diffuser rapidement. Après, il y a toujours le délai incompressible de traduction et de doublage.

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Qui sera le successeur de «NCIS» ?

CHRISTINE BOUILLET

«Elementary» succède dignement à «NCIS» dans la case du vendredi.  Après, parmi les dernières séries annoncées, nous n’en avons aucune qui est policière. Elles vont toutes dans des domaines plus ou moins inattendus. La série «Scandal» (ABC Studios) nous entraine par exemple dans les coulisses de la politique américaine. Nous avons trouvé le pitch original et le personnage féminin fort. Avec trois saisons en stock, nous la diffuserons dans la continuité.

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Vous couvrez actuellement les «L.A. Screenings». Cela se prépare longtemps à l’avance ?

CHRISTINE BOUILLET

Absolument! Grâce à la presse professionnelle et encore plus à internet, il est facile de suivre en amont l’évolution des projets. Une fois sur place, nous découvrirons les pilotes dans le cadre de ce rendez-vous.

MEDIA +

Quelle tendance détectez-vous ?

CHRISTINE BOUILLET

Il y a beaucoup de séries ultra feuilltonnantes et des fictions dans le style de «Homeland» qui traitent d’histoires immédiates. Les Etats-Unis sont aussi à la recherche de la nouvelle sitcom. En France, ce genre est peu diffusé car il y a une certaine barrière culturelle. L’humour passe moins bien en VF.