Corruption en Irak: la direction du géant suédois Ericsson perd un vote clé de ses actionnaires

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La direction du géant suédois Ericsson a perdu mardi un vote clé de ses actionnaires, dans un rare geste de désaveu face à une affaire de possible corruption en Irak qui expose à nouveau le groupe à la justice américaine.
Lors de l’assemblée générale (AG) du numéro 2 mondial des équipements télécoms, son directeur général, Börje Ekholm, et les autres membres de la direction n’ont pas obtenu un soutien suffisant des actionnaires pour une résolution les déchargeant de leur responsabilité juridique à titre individuel, un vote d’habitude de routine.
Les dirigeants d’Ericsson ont toutefois été reconduits à leur poste, a annoncé le groupe lors de cette AG d’actionnaires organisée et retransmise en ligne. Le résultat détaillé du scrutin n’a pas été rendu public, mais il fallait que des actionnaires représentant plus de 10% des droits de vote votent contre pour que le vote sur la responsabilité individuelle soit perdu. Le fonds souverain norvégien, plusieurs fonds d’investissement comme Robur, Cevian, Nordea ainsi qu’un des fonds de pension suédois AP ont voté contre le fait de donner un blanc-seing juridique à la direction. En pratique, perdre ce vote implique que des poursuites judiciaires supplémentaires peuvent être lancées contre les dirigeants, qui n’ont plus le renfort de ce vote d’immunité. «Ericsson a échoué à donner la transparence nécessaire autour de l’affaire irakienne. Nous manquons pour cette raison de l’information nécessaire pour faire un choix bien informé sur ce qui s’est mal passé, pourquoi, et qui doit être considéré comme responsable», avait déploré lundi Cevian, qui possède 4,5% d’Ericsson.
Ce dossier irakien a déjà coûté à Ericsson une chute de plus de 25% de son cours de Bourse, exacerbant le mécontentement actionnarial. L’affaire avait éclaté en février en amont de la publication d’une vaste enquête de presse coordonnée par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), diffusée dimanche. Celle-ci a contraint Ericsson à rendre publiques les conclusions d’une enquête interne, identifiant des faits de possible corruption pendant de nombreuses années dans les activités irakiennes du groupe. Y compris des versements suspects pour du transport routier dans des zones contrôlées par l’organisation État islamique, suspectés d’avoir fini dans les poches du groupe jihadiste.
Début mars, Ericsson, qui avait déjà eu maille à partir avec la justice américaine du fait de la clause de compétence universelle de cette dernière dans de nombreux domaines, avait annoncé faire l’objet de nouvelles investigations du département américain de la Justice.