«Cruella», qui met face à face une infâme vilaine et une ennemie plus effroyable encore dans l’effervescence punk du Londres des années 1970, est l’une des oeuvres les plus sombres jamais réalisées pour Disney, estime Emma Stone, qui tient le rôle-titre. Le long-métrage en prises de vue réelles, prélude aux célèbres «101 Dalmatiens», sort mercredi en salles, avec Emma Stone en jeune Cruella d’Enfer, déjà rebelle mais pas encore sociopathe au point de vouloir écorcher des chiens à pois pour satisfaire ses caprices en matière de haute couture. Car la mode est bien au coeur de «Cruella», avec son ambiance digne de Vivienne Westwood, sa bande-son rock et toute la garde-robe des années 1970, entre manteaux afghans, jupes ultra longues et bottes vernies. Styliste ambitieuse et parvenue, Cruella d’Enfer se heurte très vite à la baronne von Hellman, incarnée par la toujours surprenante Emma Thompson, prompte à user de son influence voire de violence pour écraser la concurrence. «J’ai passé des décennies à jouer ce que ma mère appelait «des bonnes dames en robe». Maintenant, je peux jouer une femme diabolique… en robe. Mais mon dieu, quelles robes!», a plaisanté l’actrice lors d’une conférence de presse virtuelle. Des costumes somptueux se succèdent dans le film, soulignant la transformation subie par Cruella tout au long de l’intrigue, d’abord écolière rebelle puis rivale acharnée qui tente de saboter les créations de la baronne. Parmi les tenues les plus époustouflantes figure une robe d’inspiration punk avec une traîne de près de vingt mètres de longueur flottant derrière une benne à ordures en plein coeur de Londres. «C’était tout simplement phénoménal. On ne peut même pas envisager de porter ça dans la vraie vie», lance Emma Stone. «C’est le moment où vous vous dites «je suis en plein milieu d’un film… ça ne peut pas se passer comme ça dans la réalité»», explique l’actrice. Malgré ses deux Oscars et la grande palette de rôles à son actif, depuis l’héroïne romanesque dans «Raison et sentiments» jusqu’à la médium loufoque de la saga «Harry Potter», Emma Thompson attendait avec impatience de pouvoir jouer une méchante comme la baronne. «Je suis très intéressée par le côté obscur des personnages féminins parce qu’on les laisse rarement être sombres. Nous sommes toutes supposées être bonnes et gentilles, n’est-ce pas?», dit-elle. «C’est vraiment très sombre pour un film Disney. C’est le Disney le plus sombre que j’ai vu depuis longtemps», assure l’actrice, qui est également productrice exécutive aux côtés d’une autre Cruella, Glenn Close. Interrogée sur ses sources d’inspiration pour son personnage de baronne von Hellman, Emma Thompson a expliqué que si elle n’avait «pas une grande expérience personnelle en matière de gens vraiment méchants, endurcis et narcissiques», «il y a un certain nombre d’entre eux dans le monde du spectacle». «Je ne cite pas de noms mais… certaines de ces personnes ont été exposées récemment», a ajouté l’actrice, engagée sur un grand nombre de sujets parmi lesquels le mouvement #MeToo qui continue périodiquement de secouer l’industrie du divertissement. Emma Thompson avait pris la parole dès le début du mouvement pour dénoncer publiquement les agressions sexuelles commises par le magnat déchu d’Hollywood Harvey Weinstein liées, selon elles, à «la crise de la masculinité extrême». L’actrice s’est aussi retirée avec fracas du film d’animation «Luck» lorsque les producteurs avaient fait appel à l’ancien patron des studios Pixar John Lasseter, accusé de harcèlement sexuel. «Cruella» n’aborde pas de tels sujets et joue plutôt sur l’humour, grâce notamment à son duo d’hommes de main malhabiles, joué par Paul Walter Hauser et Joel Fry. Le film ne rechigne toutefois pas devant les scènes susceptibles d’inquiéter les plus jeunes et même les fameux dalmatiens revêtent parfois un caractère menaçant.