Georges MARQUE-BOUARET, Délégué général du FIGRA

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Hier matin, la programmation de la 22ème édition du Festival International du Grand Reportage d’Actualité et du Documentaire de Société (FIGRA) a été dévoilée. L’occasion de s’entretenir avec Georges MARQUE-BOUARET, Délégué général du FIGRA qu’il a conçu et créé en 1993.

 

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Quels seront les points d’orgue de la 22ème édition du FIGRA qui se tiendra du 25 au 29 mars 2015 au Touquet Paris ?

Georges MARQUE-BOUARET

Le Festival International du Grand Reportage d’Actualité et du Documentaire de Société est une compétition internationale où se rencontrent journalistes et réalisateurs français de tout horizon pour la passion du reportage. Notre vocation a toujours été de mettre en avant le meilleur de ce genre audiovisuel qui témoigne de la réalité du monde. La 22ème édition sera dédiée aux journalistes de «Charlie Hebdo». Les points forts de cette édition porteront sur 70 films en compétition ainsi que sur les différents événements organisés. Parmi eux,  un débat sur «L’information dans le viseur» avec Reporter Sans Frontières jeudi 26 mars. Des rencontres se tiendront également avec la commission sélective du documentaire du CNC (vendredi 27 mars) ainsi qu’avec les conseillés et responsables documentaires de France Télévisions. Le budget du FIGRA s’élève aujourd’hui à 300.000 euros en cash et à 100.000 euros en industrie.

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Reportages et Documentaires de TV peuvent-ils montrer toute la réalité ?

Georges MARQUE-BOUARET

La réalité n’est pas vécue de la même façon selon les protagonistes. Ce qui compte réellement, c’est raconter aux mieux les histoires. Pour cela, il faut savoir les écrire, rencontrer de bons personnages et avoir de la chance. Les jeunes qui démarrent dans le métier sont assez prometteurs. Ils utilisent des écritures cinématographiques et audiovisuelles bien plus ambitieuses que dans le passé. La grammaire audiovisuelle ainsi que l’écriture filmique est maitrisée. La fluidité s’installe, l’histoire est constante et les interlocuteurs rentrent en scène. Les films de moins de 40’ en compétition s’avèrent être des reportages qui couvrent de nombreux pays. A contrario, les films de plus de 40’ s’attachent à des sujets plus profonds qui couvrent beaucoup moins le monde.

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Un sens de la dramaturgie est-il nécessaire lorsque l’on raconte l’actualité ?

Georges MARQUE-BOUARET

Cela a toujours été le cas. Certains disent que le journaliste Albert Londres faisait son travail tout en le mettant en scène. Mais la dramaturgie ne doit pas être provoquée, elle doit être réelle. 

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Raconter l’actualité coûte t-il cher?

Georges MARQUE-BOUARET

Un documentaire coûte entre 90.000 et 120.000 euros le 52’. Les ambitions se sont renforcées ces dernières années.

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Du coup, doit-on montrer toute la réalité ?

Georges MARQUE-BOUARET

Parmi les grands reportages d’actualité et les documentaires de société, il y a des choses qui ne sont pas nécessaires de montrer. Les chaînes d’information en continu par exemple peuvent devenir une sorte d’aspirateur permanent d’informations. Quelle est la logique de laisser un plan fixe sur une action où il ne se passe absolument rien, à moins de vouloir tenir en haleine les gens et semer éventuellement le trouble ou l’inquiétude. Avec le Scam, nous organisons un débat pendant le festival qui portera sur une phrase souvent entendue dans les JT : «Nous avons choisi de ne pas diffuser ces images». Les attentats qui ont secoué la France début janvier, événements dont la couverture médiatique a été sans précédent, avec ses incertitudes, ses erreurs, répondent en cela à la dictature du direct.