La place des femmes a progressé dans le documentaire mais la parité reste encore à progresser

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Si la place des femmes a progressé dans l’univers des documentaires, la quête de la parité et l’accès égal aux financements est encore loin d’être achevé, selon des participants au festival international de documentaires de Biarritz, le Fipadoc. «En France, deux-tiers des documentaires sont faits par des hommes», a rappelé Laëtitia Moreau, documentariste et présidente de la Scam (Société civile des auteurs multimédias), lors d’une table ronde organisée au Fipadoc, un événement qui se tient jusqu’à samedi à Biarritz (sud-ouest de la France). Et, quand on sait que l’écart global de salaires entre les hommes et les femmes reste de 20% en France, «on a un long chemin à faire pour atteindre la parité», estime la responsable. Cette problématique est devenue plus visible depuis le scandale #MeToo et les affaires de harcèlement sexuel qui ont secoué le cinéma et l’audiovisuel français, tout comme Hollywood. 

Difficultés de financement : Le Fipadoc a adhéré vendredi à la Charte pour l’inclusion dans le cinéma et l’audiovisuel lancée par le collectif 50/50, qui est également à l’origine des Assises pour la parité, l’égalité et la diversité, dont la deuxième édition s’est tenue en novembre au Centre national du cinéma (CNC). En France, les appels à l’égalité dans le cinéma ont conduit le gouvernement et le CNC (qui joue un rôle clé dans le financement du cinéma) à instaurer un système de bonus pour les films qui respectent des engagements en matière de parité. Le collectif 50/50 a aussi lancé un annuaire en ligne, pour aider à diversifier les profils des professionnel(le) s du secteur. En Suède, pays invité d’honneur du Fipadoc, si la situation est globalement meilleure pour les réalisatrices, des progrès restent à faire du côté des financements, a expliqué Klara Grunning de l’Institut suédois du film. «Dans les documentaires, globalement, [la parité] n’est plus un problème, mais, pour autant, ça ne veut pas dire que les femmes (réalisatrices) reçoivent autant de subventions que les hommes», dit-elle. «C’est le prochain objectif. Au niveau de l’Institut, on l’a déjà atteint pour les documentaires, mais ce n’est pas encore le cas dans la fiction», reconnaît-elle. «Quand j’ai voulu faire un documentaire sur Ingrid Bergman, je n’arrivais pas à décrocher des financements là où je pensais en obtenir, car on la voyait seulement comme une actrice qui avait eu beaucoup d’aventures avec des réalisateurs… ça a fini par changer quand mes interlocuteurs ont compris qu’elle avait un cerveau et qu’elle avait exercé une grande influence», a témoigné pince-sans-rire la productrice suédoise Stina Gardell, venue présenter à Biarritz «Silvana», portrait d’une jeune rappeuse devenue une icône féministe. Et selon elle, les mentalités n’ont évolué que tardivement. «Aujourd’hui je peux obtenir les mêmes sommes que les hommes, mais il y a encore trois ans, ce n’était pas le cas. Les producteurs hommes étaient pris plus au sérieux, ils étaient mieux respectés», dit-elle, racontant comment, en discutant avec ses confrères, elle s’est rendue compte qu’ils obtenaient des subventions plus importantes.