Olivier JACOBS, Directeur général de TF1 Entreprises et TF1 Vidéo

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Depuis cinq ans, la première chaîne privée européenne diversifie ses activités. De la musique aux spectacles en passant par l’exploitation de jeux à l’édition, ces activités pèsent désormais 10% du chiffre d’affaires de la Une. Afin d’en savoir davantage sur ce secteur en forte progression, média+ s’est entretenu avec Olivier JACOBS, Directeur général de TF1 Entreprises et TF1 Vidéo.

MEDIA +

La diversification à TF1 s’est-elle réinventée ?

OLIVIER JACOBS

Complètement ! Le modèle a été réinventé dans les métiers que nous adressons, avec à la fois des offres produits renouvelées, des stratégies qui vont au-delà des marques antenne, l’arrivée de nouveaux métiers, et le développement du digital. Toutes ces briques sont autant d’éléments complémentaires qui dynamisent le secteur de la diversification. Vidéos, jeux, musiques, spectacles, nous avons connu une fin d’année exceptionnelle puisque nous étions numéro 1 sur ces quatre secteurs et l’an dernier, nous avons ainsi vendu 53 millions de produits.

MEDIA +

La diversification, une alternative aux recettes publicitaires ?

OLIVIER JACOBS

L’objectif clairement identifié grâce à ces filiales est de générer des revenus additionnels. En 2010, l’activité diversification était en perte de près de 7 millions d’euros. En 2014, nous enregistrons un résultat opérationnel de 12 millions d’euros, au cumul de TF1 Entreprise et TF1 Vidéo. Ce qui représente une progression de 19 millions d’euros en cinq ans.

MEDIA +

Quelle activité booste essentiellement les diversifications du Groupe TF1 ?

OLIVIER JACOBS

Le département «Musique et Spectacles» qui regroupe plusieurs métiers tels que la production de disques, de spectacles, de merchandising, est le premier contributeur du pôle Edition. Bien entendu, en fonction du line-up, les choses peuvent évoluer d’une année sur l’autre. Dans le pôle «Spectacle», nous avons démarré début avril «Harry Potter : L’Exposition» à la Cité du Cinéma, jusqu’au 6 septembre 2015. Nous avons battu le record de préventes de billets partout dans le monde alors que cette exposition s’est déjà déroulée dans plusieurs pays. Notre gros projet de fin d’année sera le spectacle musical «La légende du Roi Arthur». Pour TF1, c’est un investissement en tant que coproducteur aux côtés de Dove Attia et de Warner. L’accompagnement est financier mais il y a également une implication opérationnelle.

MEDIA +

Prochain objectif, vous affranchir des marques antennes ?

OLIVIER JACOBS

Pas totalement ! Le pôle «Edition» a pour mission de développer les marques antennes du Groupe TF1 sur d’autres supports que celui de la télévision. En revanche, nous considérons qu’il y a un certain nombre de savoir-faire qui se sont développés dans les métiers adressés par TF1 Entreprises et TF1 Vidéo, et qui nous permettent d’aller au-delà. Notre volonté est donc de ne pas nous affranchir des marques antennes, mais de nous intéresser aussi aux marques hors antennes. C’est le cas des licences «Hello Kitty», «Mille Bornes» ou encore «Chrono Bomb», un jeu de société qui est une création maison qui s’est retrouvée en rupture de stock malgré les 100.000 exemplaires mis sur le marché. Le quotidien américain «USA Today» a classé le jeu dans son Top 10 des jeux à commander pour la fin d’année, et nous allons le vendre en 2015 dans 23 pays.

MEDIA +

Dans deux ans, sera inaugurée la future Cité musicale sur l’Île Seguin à Boulogne. Quel est le rôle de TF1 dans ce chantier ?

OLIVIER JACOBS

Nous serons l’exploitant de cette structure aux côtés de Sodexo (TF1 Entreprises : 55% et Sodexo à 45%). A cette occasion, une société dédiée «STS Evénements» a été créée. Ce lieu est composé d’un auditorium de 1.100 places, une grande salle de 6.000 places assises et plus de 2.500 m2 d’espace de répétition et d’enregistrement. Nous allons faire en sorte que des spectacles et projets viennent à la Cité musicale. TF1 va ainsi être présent sur l’ensemble de la chaîne de valeur du spectacle vivant.

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Le digital prend de plus en plus de place et vous lancez le «eCinéma». Pourquoi maintenant ?

OLIVIER JACOBS

Ces dernières années, nous avons beaucoup investi pour progresser sur la VOD. 2014 a été une année record avec +38% de chiffre d’affaires. On considère à ce jour que le digital permet justement de proposer aux consommateurs une offre extrêmement large de cinéma. Un certain nombre de films ne peuvent pas être distribués en France en salle, et le digital permet justement de résoudre cette problématique. Le fait d’être à la fois éditeur – qui est le métier historique de TF1 Vidéo – tout en ayant une expertise en matière de VOD, permet de faire rencontrer le meilleur de ces deux mondes pour proposer des films de cinéma qui ne sont pas distribués en salles, à travers la VOD à l’acte.