Olivier-René VEILLON (Commission du Film): « L’Île-de-France concentre sur son territoire 90% des industries techniques du cinéma et de l’audiovisuel français»

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Olivier-René VEILLON, Directeur de la Commission du Film d’Ile-de-France

Mise en place conjointement par Audiens et la Commission du Film d’Île-de-France, l’étude sur «La production audiovisuelle et cinématographique en Ile-de-France et les chiffres de l’emploi» a été révélée hier matin. Détails avec Olivier-René VEILLON, Directeur de la Commission du Film d’Ile-de-France.

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Le cinéma français a largement délocalisé ses tournages. Quel a été l’impact en Île-de-France sur l’emploi ?

Olivier-René VEILLON

L’impact des délocalisations aurait dû être beaucoup plus important. Deux phénomènes étaient potentiellement préoccupants en 2014. D’une part, nous observions une baisse des investissements dans le cinéma français (-21,7%). Il s’agissait de la 4ème année consécutive à la baisse. D’autre part, nous avions constaté une forte montée en puissance des délocalisations. Plus le budget du film est élevé, plus il est délocalisé. Par exemple, «Les Visiteurs 3», un film au budget de 20 M€ a été entièrement fabriqué en dehors de France. Il y avait de quoi être inquiet. Lorsque nous avons sorti les chiffres de l’observatoire, nous avons été agréablement surpris. L’emploi se maintenait en 2014. La raison ? La vitalité de la production internationale accueillie. C’était l’année de «Hunger Games» avec près de 35 M€ dépensés. Cela compense à la fois la baisse des investissements dans le cinéma français et la délocalisation d’une partie de l’activité.

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Quelle est la formule gagnante pour séduire les tournages internationaux en IDF ?

Olivier-René VEILLON

L’Île-de-France concentre sur son territoire 90% des industries techniques du cinéma et de l’audiovisuel français. La filière de la création numérique, des effets visuels et de la 3D est également bien installée dans la région. Nous avons quelques champions mondiaux comme Illumination Mc Guff qu’Universal a choisi pour fabriquer ses films d’animation comme «Minions», le film le plus rentable dans l’histoire du studio avec 1,2 milliard de dollars au box-office. Leur succès planétaire a fait de la structure, un grand studio équivalent à Pixar ou à DreamWorks. Le volume d’investissement d’Universal est considérable en Île-de-France autour de ses films. En 2016, 4 productions sont en fabrication chez Illumination Mc Guff. Ce mouvement a influencé d’autres studios. Nous travaillons aujourd’hui avec DreamWorks qui prépare une grosse production qui se fera à Levallois-Perret chez Mikros Image. Disney vient aussi de confier une production à TeamTO. Enfin, Cube Creative va assurer la fabrication d’une production audiovisuelle commandée par l’un des leaders du jeu vidéo finlandais, Rovio.

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La croissance va-t-elle repartir en 2015 ? Quelles perspectives pour 2016 ?

Olivier-René VEILLON

En 2015 la reprise de la croissance de l’emploi est rendue possible par l’émergence d’entreprises nouvelles et par la relance des investissements dans le cinéma français, qui renoue enfin avec la croissance, après 4 années de baisse. Croissance marquée de 28,1%. Bonne tenue aussi dans la production internationale accueillie. Malgré tout, il y a encore des délocalisations en 2015. Les décisions majeures prises par les pouvoirs publics concernant le crédit d’impôt national et international sont intervenues en fin d’année. C’est au 1er janvier 2016 que le contexte change très profondément. Avec le crédit d’impôt national à 30%, il y a un effet immédiat de relocalisation d’une grande partie de la production, notamment sur les films qui mobilisent de la main d’œuvre ouvrière pour la construction de décors. Porter le crédit d’impôt international à 30% va nous permettre aussi d’être réellement compétitif.

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Les tournages étrangers vont-ils donc s’intensifier à l’avenir ?

Olivier-René VEILLON

L’attractivité des talents, des compétences, des décors emblématiques et l’allégement fiscal vont avoir des impacts considérables. Les productions internationales agréées par le CNC au premier trimestre se situent déjà au même niveau que celles agrées sur toute l’année dernière. La saison a débuté beaucoup plus tôt que les années précédentes. C’est tout-à-fait symptomatique.