S. STRANO (Festival de Fiction TV) « La fiction française ne s’est jamais aussi bien portée »

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Stéphane STRANO, Président du Festival de la Fiction TV de La Rochelle

Hier soir a débuté la 18ème édition du Festival de la Fiction TV de La Rochelle. Plus de 45 fictions françaises et internationales y seront présentées, dont 34 en compétition. Détails avec Stéphane STRANO, Président du Festival de la Fiction TV de La Rochelle.

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La fiction française est en forme. Votre festival l’est-il également ?

Stéphane STRANO

Plus que jamais ! Notre rôle est de rendre compte de l’état de la fiction TV. Elle ne s’est jamais aussi bien portée. Pourtant, ce n’était vraiment pas le cas il y a 5-6 ans. Il suffit de survoler la presse à cette époque pour se rendre compte de la difficile situation tant du point de vue des audiences que de la qualité des œuvres. Cette année, la fiction française parvient à battre la fiction américaine en Prime Time. Les audiences décollent et atteignent des sommets chaque soir. On enregistre également un bon de l’export de 49,3% en un an (38,9 M€ de ventes en 2014). Cela signifie que le chemin de l’expansion est ouvert. Le Festival de la Fiction TV de La Rochelle met en lumière cette évolution et incarne, à travers ses participants et ses œuvres, la création française confrontée à un marché mondial extrêmement vivant et créatif.

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Le secteur de la fiction française s’est-il réveillé il y a 2-3 ans ?

Stéphane STRANO

C’est une évidence ! Mais aussi une réalité chiffrée par le CNC qui fait état de ces évolutions de la création française. Je le confirme, la fiction hexagonale est transformée. Il ne nous reste plus qu’à capitaliser sur ces changements.

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La fiction française se donne-t-elle les moyens d’exister à l’international ?

Stéphane STRANO

Cette question sera posée lors de la table ronde organisée vendredi 16 septembre. Le festival, que Quentin Raspail a créé il y a 17 ans, est un outil qui nous sert à tous. Ce n’est pas qu’un simple moment festif, c’est un rendez-vous de réflexions qui rassemble plus de 2.000 professionnels du secteur. C’est aussi le moment de se demander dans quel marché nous nous trouvons. La question de l’international me paraît pertinente parce que, fondamentalement, la période est tout-à-fait engageante. Les succès s’enchaînent et atteignent de bons niveaux. A présent, il faut vérifier si le secteur se donne tous les moyens d’un point de vue créatif et financier. Dans ce contexte international, la fiction française a pris du retard. En 2015, le volume de production est limité à moins de 800 heures (contre plus de 950 heures en 2005) quand l’Allemagne produit plus de 2 000 heures et que la Grande-Bretagne a créé plus de 400 séries en sept ans.

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La BBC est l’invité d’honneur. Est-ce une référence ?

Stéphane STRANO

Malgré le Brexit, ce sont des voisins dont on apprécie le travail. Les Anglais partent à la conquête de l’international de manière massive avec leurs productions locales. Comment font-ils pour fabriquer une fiction qui s’exporte à travers le monde et quels sont les moyens qu’ils se donnent ? Très sincèrement, la langue anglaise n’est pas la seule qui permette de conquérir le monde. Nous avons une multitude de contre-exemples. Je pense à l’Israël, à l’Italie avec «Gomorra» ou encore à la Turquie qui parviennent à exporter. A propos du succès de la série «Versailles» à l’étranger, est-il lié à la langue anglaise ou tout simplement à Versailles ?

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Un mot sur le budget du Festival de Fiction TV de La Rochelle ?

Stéphane STRANO

Il est autour de 950.000 €. Plus de 35.000 spectateurs se donnent rendez-vous chaque année Cours des Dames à La Rochelle. 24 oeuvres françaises inédites, en Compétition officielle, reflèteront le meilleur de la rentrée audiovisuelle.