Vidéos sur internet : les « prérolls » se gébéralisent

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Si vous faites partie des 80% d’internautes qui regardent des vidéos, autant s’habituer aux «prérolls», ces spots publicitaires de 20 à 30’’ que vous devrez obligatoirement regarder avant. Désormais presque 100% des vidéos professionnelles, c’est-à-dire la télévision de rattrapage, les sites d’actualités etc. sont précédées de publicité de ce nouveau genre. Car sur l’internet français, ces vidéos «premium» sont si rares – à la différence de l’avalanche d’images de YouTube – que les annonceurs se les arrachent. «Notre taux de remplissage est de 100%, sauf en août», note Julien Leroy, fondateur d’AdVideum, régie vidéo qui rassemble 130 groupes médias français hors télés. Contrairement aux bannières, dont les prix baissent, la publicité vidéo tire l’ensemble des recettes pub sur internet en France, avec une croissance de 34% au 1er semestre, souligne Hélène Chartier, DG du Syndicat des Régies Internet (SRI). La publicité vidéo a représenté 68 millions d’euros au 1er semestre (18% de la pub sur le net en France) et devrait atteindre 120 à 130 millions en 2013. «Il y a un tel manque d’inventaire vidéo que dès qu’il existe un contenu de qualité, les éditeurs sont harcelés par les régies de préroll, jusqu’aux petits club de foot», souligne Laurent Nicolas, président d’Alenty, société de mesure de la visibilité des publicités sur internet. Malgré cette rareté les prix des prérolls sont stables, à environ 18 euros le CM (coût pour mille diffusions)», explique AdVideum, ce qui reste dix fois supérieur à celui des bannières. Sur les vidéos de télévision de rattrapage, le prix de vente des publicités monte à 20 à 25 euros pour mille, soit davantage par individu ciblé que les spots télés. Mais ils touchent moins de monde: les internautes qui les regardent sont 20 fois moins nombreux que les téléspectaeurs classiques, a souligné récemment le patron de M6 Nicolas de Tavernost. Typiquement, un grand annonceur choisira une campagne de 30 000 euros pour diffuser ses spots 15 jours environ 4 millions de fois, a commenté Eric Aderdor, DG d’Horyzon Media, autre grosse régie. «Nous sommes encore dans un marché naissant». Si les prix des publicités vidéos progresse peu, c’est en raison d’un acteur géant: YouTube, le site de vidéos de très loin le plus regardé (1,6 milliard de vidéos vues en août en France, contre 182 millions pour Daily Motion et 68 millions pour TF1, n°3). Ce site maintient des prix bas. Sur son stock d’images presqu’infini, son système d’enchères aboutit à des prix 2 ou 3 fois moins élevés que sur les videos premium. Le poids de YouTube se voit ausi dans les type de publicité: YouTube conseille à ses annonceurs de mettre des publicités que l’on peut zapper (dites skippables) au bout de 5’’, alors que les télévisions et les sites d’actualités cherchent à y mettre exactement les mêmes spots que la télévision, pour avoir les mêmes annonceurs: 20 ou 30’’ impossibles à zapper. «Cela rassure les annonceurs télé. Ils peuvent mettre les même publicités, sans besoin de refaire une création», commente Laurent Nicolas, d’Alenty, société qui mesure la visibilité des publicités sur internet.  La plupart des sites de télévision de ratrapage comme M6 ou Canal+ empêchent l’internaute de zapper le spot: si pendant le preroll il change de page, par exemple consulte ses mails, le spot de pub s’arrête, mais repart  quand il revient sur la page. Toute la question est de savoir si ces spots seront supportés ou non par les internautes.