Des actionnaires échaudés par la dégringolade du cours de Bourse d’Altice vont déposer plainte contre le groupe

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Des actionnaires échaudés par la dégringolade du cours de Bourse d’Altice ont annoncé mercredi qu’ils allaient déposer plainte contre le groupe de télécoms et de médias, qui dénonce de son côté une «tentative de déstabilisation médiatique». Selon Frédérik-Karel Canoy, avocat spécialiste des procédures contre les grands groupes, la plainte va être déposée auprès de la justice française pour «diffusion d’informations fausses et trompeuses» par le groupe. Les plaignants estiment que l’entreprise présidée par Patrick Drahi a «sur la période 2015 à 2017 minoré sa dette» et a affirmé à tort «avoir un contrôle absolu sur cette dernière», selon une source proche du dossier. Le cours de l’action Altice a dévissé d’environ 50% à la Bourse d’Amsterdam depuis l’annonce de résultats décevants et sa direction a été remaniée au début du mois de novembre. Mercredi en début d’après-midi, l’action connaissait un nouvel accès de faiblesse à environ 7,7 euros, en baisse de plus de 6%, touchant son plus bas niveau depuis mars 2014. Les investisseurs s’inquiètent en particulier de la dette massive d’Altice (49,6 milliards d’euros), qui a multiplié les acquisitions ces dernières années. Mais le groupe dément avoir mal informé ses actionnaires. «Altice est une entreprise cotée (…) qui publie, sous le contrôle des régulateurs et des autorités compétentes, tous les trois mois, toutes ses informations financières dans la plus grande transparence», a déclaré mercredi le porte-parole d’Altice Arthur Dreyfuss, en réaction à l’annonce de la plainte. «Nous invitons donc à la plus grande prudence sur ce qui s’apparente être surtout une manipulation, une manoeuvre malveillante de communication et une tentative de déstabilisation médiatique», a-t-il ajouté. Altice, coté depuis janvier 2014, est organisé autour de deux marchés principaux: la France, dans les télécoms avec SFR, et les médias (BFM TV, «Libération», «L’Express», etc.), et les Etats-Unis, où M. Drahi a racheté les câblo-opérateurs Suddenlink et Cablevision.Le 3 novembre, Altice avait vu son titre céder près d’un quart de sa valeur (-22,59%), au lendemain de la publication de ses résultats trimestriels montrant un recul commercial en France et aux Etats-Unis. Le groupe avait également annoncé le départ de son directeur général du groupe Michel Combes et le retour aux commandes de l’entreprise de son fondateur Patrick Drahi, en tant que président du conseil d’administration. Depuis, M. Drahi et Altice ont multiplié les interventions pour rassurer les investisseurs et les salariés sur la solvabilité du groupe, dénonçant notamment «une période irrationnelle». La dette du groupe, qui a multiplié les acquisitions ces dernières années, «est sécurisée à 85% à taux fixe et le premier remboursement majeur n’arrivera qu’en 2022», a notamment assuré le milliardaire dans un courrier la semaine dernière aux salariés de SFR.Pour apaiser les marchés, le groupe a également souligné dimanche qu’Altice ne préparait pas de nouvelles levées de fonds. L’avocat coordonnant le dépôt de plainte, Frédéric-Karel Canoy, représente notamment des propriétaires de véhicules face aux constructeurs automobiles impliqués dans le «dieselgate», les affaires de tricherie sur les émissions de gaz polluant. Il avait également représenté des actionnaires de Vivendi contre dans les procédures contre Jean-Marie Messier, l’ancien PDG de Vivendi Universal qui avait mené son groupe à la débâcle boursière.