Anne DURUPTY Directrice générale d’ARTE France

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MEDIA +
ARTE se porte bien et enregistre une progression de 20% de son audience l’année dernière, avec 1,8% de pda (contre 1,5% en 2011). Est-ce le fruit d’une politique éditoriale renforcée ?
ANNE DURUPTY
C’est un vrai plaisir de pouvoir dresser un bilan positif en ce début d’année 2013, que ce soit au niveau du redressement des audiences ou du succès rencontré sur tous les genres de programmes. Cet aboutissement est le fruit d’une relance éditoriale où nous avons conservé les valeurs et les thématiques fondamentales de la chaîne : mission culturelle, vocation européenne, 45% de documentaires sur la grille, importance du spectacle et du cinéma d’auteur, mais le ton est également plus léger avec certains programmes comme «Silex and the city». L’humour est un axe important pour renouer le contact avec le public.
MEDIA +
Le développement des programmes en journée, était-ce une priorité ?
ANNE DURUPTY
Bien entendu ! ARTE n’était diffusée qu’en soirée à l’origine. Au fil du développement de la TNT depuis 2005, nous n’avions pas eu les moyens de suivre sur la journée. Depuis notre effort sur les programmes de journée, l’audience a bien progressé. En fin d’après-midi, de nouvelles séries documentaires inédites ont été programmées («Dans tes yeux», «Détour(s) de mob»). Le dimanche après-midi est entièrement culturel, avec un mélange de grands documentaires, de séries plus courtes et du magazine «Personne ne bouge!», particulièrement innovant.
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Quels sont les chantiers en cours sur ARTE ?
ANNE DURUPTY
Pour 2013, l’objectif est de poursuivre le redressement et la relance opérés. L’un des aspects prioritaires a été de simplifier la grille pour la rendre plus compréhensible, efficace et fédératrice, un travail à consolider cette année. Le deuxième objectif est de poursuivre les politiques de diversité et de qualité que sont celles d’ARTE. Une de nos ambitions est d’avoir une exigence sans faille sur la qualité de chaque programme. Compte tenu de la nature de la chaîne, nous avons un public exigeant. Il faut donc veiller à répondre à leurs attentes. Pendant très longtemps, la chaîne a été tournée vers le passé. Aujourd’hui, l’une des inflexions que nous avons données à la ligne éditoriale, est d’être beaucoup plus tourné vers l’avenir et la société contemporaine.
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ARTE s’affirme également sur Internet, tant sur la télévision de rattrapage, la vidéo à la demande, les plateformes (ARTE live Web, ARTE Creative), qu’en web création…
ANNE DURUPTY
Le développement numérique est encore plus vital pour ARTE. ARTE+7 a été le 1er service de télévision de rattrapage d’une chaîne historique. L’âge moyen de l’internaute est beaucoup plus jeune (44 ans) que celui de notre téléspectateur (58 ans). Il y a donc un phénomène d’élargissement du public qui se conjugue avec les deux supports. A titre d’exemple du point de vue de la création, nous proposerons, à l’automne 2013, «Intime conviction», la 1ère fiction française conçue à la fois pour la tv (avec un polar) et pour le web (avec un procès qui se déroule en temps réel).
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Des créations originales majeures vont-elles voir le jour ?
ANNE DURUPTY
La 2ème saison de la série «Ainsi soient-ils» est en cours de préparation, mais pour 2014. Ce qui prouve bien la difficulté de la fiction française à conserver son caractère artistique et créatif tout en restant dans des modes de production un peu plus industriels. En 2013, nous proposerons «Odysseus» (12X52’), une réinterprétation du mythe d’Ulysse. A l’antenne, nous aurons aussi «Hatufim», série israélienne ayant inspiré «Homeland», «Real Humans» série suédoise prévue en avril et «Top of the Lake» de Jane Campion à  l’automne 2013. En documentaire, nous diffuserons notamment «Assistance mortelle» de Raoul Peck et «Chine, le nouvel empire» de Jean-Michel Carré.