ARTE : Festival mondial du «cirque de demain» le 28 janvier

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Les muscles s’échauffent, les sangles descendent dans le froid du chapiteau, les quilles tombent, des acrobates chutent. Dans une lumière blanchie par le talc, les artistes répètent leur numéro pour le Festival du «cirque de demain» sans «animaux à dompter ni clown pour faire rire». Pour la première fois, «les cinq continents seront représentés» lors de cette 38e édition qui se tiendra de jeudi à dimanche à Paris, dit le président du Festival, Alain Pacherie, également à la tête de l’Académie des arts du cirque Fratellini. ARTE diffusera en direct le spectacle du samedi 28 janvier à 20h30. Parmi les 24 attractions sélectionnées sur 350, figurent un Brésilien contorsionniste sur sangles, un équilibriste iranien, des acrobates chinois avec ombrelles et un jongleur chilien. Ils sont tous âgés de moins de 25 ans et surtout, c’est une première, il y aura deux femmes aux sangles – des agrès très physiques – , une Britannique et une Mexicaine. Les artistes ne «doivent jamais avoir participé à un autre festival» que dans leur pays pour concourir au Festival mondial du «cirque de demain». «Il n’y a jamais eu d’animaux dans le festival, c’est un choix volontaire purement artistique», raconte Alain Pacherie dont le cirque Phénix ne compte plus de bêtes depuis 2003. «Le public a changé à cause des associations (de défense de la cause animale, NDLR)», dit-il. Quant aux clowns, «on n’en trouve plus beaucoup sur le marché du travail». La France est l’un des rares pays où cohabitent les trois types de cirque: le divertissement avec acrobates et jongleurs, «le cirque d’auteurs» qui raconte une histoire, comme le fait le cirque Plume, et le traditionnel avec clowns et animaux. Ce dernier a «beaucoup souffert aux États-Unis» comme l’a montré cette année l’annonce de la fermeture du cirque Barnum, créé en 1871, souligne le président du «Festival mondial du cirque de demain». Sous le chapiteau du cirque Phénix, où se tient le Festival, porte Dorée, les Indiens de la troupe «Incredible Mallakhamb» venus de Bombay entament leur numéro. «Nous sommes des professionnels du Mallakhamb (un mât de bois surmonté d’une boule, ndlr) et nous sommes venus pour faire découvrir notre discipline», dit Anup Vasant Thakur. Munis de torches enflammées, ils enchainent les acrobaties autour du mât qui oscille dangereusement. «J’espère que nous allons remporter un prix. Nous sommes prêts», affirme l’un des trois athlètes, torse nu, les bras recouverts de talc. «Il y a quelques années il y avait un jongleur magnifique et le jour de son passage il a tout raté, il a eu un tout petit prix de consolation», se souvient le directeur du cirque Phénix. Une dizaine de prix doivent être décernés, dont ceux du public, du cirque de Moscou, de Pékin et du Soleil dont les représentants ont fait le voyage à Paris. La présidente du jury sera la Française Laurence Estève, directrice et co-fondatrice de Zip Zap Circus au Cap (Afrique du Sud). Mousquetons, câbles, filets, hauteur des sangles, les Cubains volants de la «Compania Havana» répètent leur numéro à haut risque. Ils sont une dizaine à tout vérifier, tendre ou détendre les cordages montés sous le toit du chapiteau. La lumière en aveugle certains. La régie rectifie. Premiers vols, 1ers triples sauts, 1ères chutes… Mondy Boudet, à la carrure impressionnante est chargé de réceptionner et de lancer les voltigeurs: «Aujourd’hui, ils sont tombés mais ce n’est pas grave. Cela n’arrive jamais pendant le «show»», assure-t-il. Se produire à Paris lors du Festival devant le public mais aussi de nombreux professionnels est souvent le meilleur moyen de trouver un engagement. Le jongleur russe Dmitry Chernov confirme. «J’ai été médaillé de bronze du Festival en 2006, j’avais 16 ans. Grâce à cette récompense j’ai été invité au festival de Monte-Carlo, ensuite je suis allé au Festival de Moscou. C’est grâce à Paris que ma carrière a décollé».