À l’occasion de la diffusion de «Flash(s) – Double vue» le mercredi 28 mai à 21h10 sur France 2, la productrice artistique Frédérique Gore revient sur la genèse du projet, son écriture singulière mêlant polar et médiumnité, et sa collaboration avec Elzévir Films.
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Vous êtes productrice artistique indépendante et avez collaboré avec Elzévir Films sur «Flash(s) – Double vue». Comment avez-vous rejoint ce projet, et dans quelles circonstances est née cette fiction mêlant polar et médiumnité ?
Frédérique GORE
Je suis effectivement productrice artistique indépendante, et c’est moi qui ai apporté le projet «Flashs» à Elzévir Films. À l’époque, Elzévir m’avait sollicitée pour leur proposer des idées. Un jour, je tombe sur un article qui évoquait la collaboration de médiums avec la police française. Immédiatement, j’ai pensé à Philippe Lyon, un auteur avec lequel j’avais envie de travailler, notamment pour ses compétences en polar. Je l’appelle, il reste un instant silencieux puis me répond : «Je ne crois pas t’avoir parlé de ma vie…» Il se trouve qu’il est marié à une médium ! Le projet est donc né de manière un peu… troublante, mais cela nous a donné une matière riche et sincère pour bâtir l’univers.
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Après le succès du premier unitaire en 2024 (4,2 millions de téléspectateurs en audience consolidée), comment avez-vous abordé la création de ce deuxième opus ?
Frédérique GORE
Mon intuition pour «Flashs» était claire : développer un duo mère médium-fille flic fort. Il fallait qu’on sente un passé commun dense, des liens affectifs puissants, mais aussi une vraie incompatibilité de visions du monde. D’un côté, Mathilde, la fille, est très cartésienne et rejette les dons de sa mère. De l’autre, cette dernière ne sait tout simplement pas fonctionner autrement que comme elle est. C’est ce tiraillement entre amour, rejet, scepticisme et loyauté qui m’intéressait. C’est ce qu’on a continué à mettre en exergue dans l’opus 2.
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Allier polar réaliste et surnaturel est un exercice délicat. Comment avez-vous trouvé le juste équilibre pour rester crédible en Prime Time ?
Frédérique GORE
C’était tout l’enjeu ! Avec Philippe Lyon, on a veillé à rester dans le vraisemblable. On voulait éviter à tout prix les caricatures souvent associées à l’univers de la médiumnité. On s’est mis dans la peau de Mathilde, qui incarne le regard du spectateur rationnel, celui qui doute. Le but n’était pas de convaincre, mais d’ouvrir une brèche dans le réel, en gardant toujours l’émotion comme point d’ancrage. C’est par l’émotion qu’on voulait toucher, pas par le spectaculaire. Christophe Douchand, le réalisateur, était en phase avec ces fondamentaux du projet, il a très bien su s’en emparer, tout comme nos deux comédiennes, Miou-Miou et Marie Denarnaud…
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Comment France 2 a-t-elle accompagné le développement ? Vous ont-ils laissé carte blanche ou y avait-il des attentes spécifiques ?
Frédérique GORE
La seule directive forte a été structurelle : à l’origine, on avait imaginé «Flashs» comme une série en 6X52’. France 2 nous a commandé un unitaire. À partir de là, la collaboration a été très fluide, notamment grâce à Carole Le Berre, notre chargée de programme, avec qui nous avons partagé une vraie vision commune. Elle a une solide expérience du polar et nous a très bien accompagnés, avec une belle vigilance sur la dimension familiale entre drame et comédie, en complément de l’intrigue policière.
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Ce type de fiction hybride reste encore rare sur les grandes chaînes. Comment avez-vous défendu ce positionnement atypique à l’origine ?
Frédérique GORE
Je crois que ce qui a convaincu, c’est la sincérité du propos. Des projets autour de médiums, il y en a eus. Mais là, Philippe Lyon avait une vraie légitimité. Lui-même, de nature très cartésienne, a été confronté à la réalité de la médiumnité à travers sa compagne. Il ne cherchait pas à embellir, ni à tourner en dérision. Il voulait restituer une expérience intime, avec ses zones de doute et d’incompréhension. Cette approche non caricaturale a été perçue, je crois, comme une force.
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Et vous, Frédérique, quel a été votre parcours de productrice avant cette collaboration ?
Frédérique GORE
J’ai été recrutée par Eddy Cherki et Alain Degove chez DEMD pour développer «Joséphine, ange gardien». Alain a produit les deux premiers épisodes avec ma collaboration, j’ai ensuite produit les 16 suivants avant de passer à d’autres aventures. J’ai travaillé sur «Sauveur Giordano» avec Pierre Arditi, initié une série familiale pour M6 intitulée «Merci, les enfants vont bien», et une collection de comédies pour France Télévisions. Puis, j’ai quitté le salariat pour devenir indépendante. J’ai collaboré ensuite avec Son et Lumière sur l’unitaire «Vulnérables», avec Léa Drucker, réalisé par Arnaud Sélignac. Mais depuis quelques années, je choisis de produire moins, c’est un choix de vie. Je suis donc très heureuse de ce libre partenariat avec Denis Carot avec lequel je viens d’initier un autre projet (pas encore signé avec une chaîne), qui est l’adaptation de la «Manif», édité chez Gallimard que Claire Lemaréchal devrait écrire et que Nicolas Cuche devrait réaliser.