La consolidation se poursuit sur le marché du câble américain

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La consolidation se poursuit sur le marché du câble américain, où Charter Communication conforte par des acquisitions sa position de principal rival face au poids lourd qui résultera de la fusion annoncée de Comcast et Time Warner Cable (TWC). Charter a annoncé mardi son intention de racheter son plus petit concurrent Bright House Networks pour 10,4 milliards de dollars. 

«Cette acquisition améliore notre échelle et consolide Charter comme le 2ème plus gros câblo-opérateur du pays», a souligné son DG, Tom Rutledge, dans le communiqué. Charter, qui revendique 6 millions de clients d’après son site internet, est actuellement le 4ème câblo-opérateur du pays, derrière Comcast, TWC et Cox. Bright House pointe pour sa part en 6ème position, avec environ 2,5 millions de clients. Comcast et TWC, qui totalisent un peu plus de 30 millions d’abonnés, ont toutefois annoncé leur fusion il y a un peu plus d’un an. L’opération n’a toutefois toujours pas été finalisée, dans l’attente d’une décision des autorités de la concurrence. Le pouvoir du futur mastodonte sur le marché inquiète tant les associations de consommateurs soucieux de leurs factures que des services internet comme Netflix dépendant d’une bonne bande passante. L’examen du dossier a aussi été retardé par la confidentialité des accords de retransmission signés entre les câblo-opérateurs et les groupes de télévision.Dans ce contexte, un vice-président de Comcast, David Cohen, a indiqué la semaine dernière ne pas attendre de conclusion des autorités avant le milieu de cette année. Les 2 groupes espéraient initialement consommer leur union vers la fin 2014. En attendant, Charter, qui avait tenté sans succès de racheter TWC avant qu’il ne tombe dans l’escarcelle de Comcast, se console avec de petites acquisitions. L’achat de Bright House est ainsi conditionné à la réussite d’une autre transaction annoncée en avril 2014 avec Comcast et TWC. Ces derniers ont prévu de rétrocéder à Charter environ 3,9 millions de clients après leur mariage, espérant ainsi amadouer les autorités de la concurrence. Et Charter pourrait ne pas en rester là, estimaient certains analystes après les 1ères rumeurs de rachat de Bright House mi-mars. Ceux de Barclays envisageaient l’achat d’une série d’autres petits opérateurs par Charter. Ceux de Jefferies n’excluaient pas pour leur part qu’il se positionne pour profiter d’éventuelles cessions supplémentaires de Comcast et TWC: «Charter pourrait être un bénéficiaire naturel (d’éventuelles cessions imposées par les autorités de la concurrence), mais pourrait voir Bright House comme une menace concurrentielle, qui peut être neutralisée par une acquisition», écrivaient-ils dans une note. La structure financière de la transaction va par ailleurs donner à Charter un nouveau grand actionnaire, la famille Newhouse dont l’empire médiatique comprend de nombreux journaux et magazines dont le «New Yorker», «Vogue» et «Vanity Fair» ainsi qu’une participation de 31% dans le groupe de télévision Discovery Communications. Charter ne compte en effet verser que 2 milliards de dollars en numéraire à la holding Advance/Newhouse, qui détient actuellement Bright House. La plus grosse partie du paiement se fera avec des titres convertibles dans la nouvelle entité réunissant Charter et Bright House. Une fois l’opération bouclée, Advance/Newhouse détiendra 26,3% du nouveau Charter. Le plus grand actionnaire de Charter, la holding du milliardaire John Malone Liberty Broadband, verra de son côté sa participation diluée à 19,4% du nouvel ensemble (contre un peu plus de 25% actuellement).