Le bitcoin porté par l’espoir d’un nouveau placement grand public

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Le bitcoin est porté depuis plusieurs semaines par une vague d’optimisme liée à la possible autorisation, aux Etats-Unis, d’un placement qui pourrait normaliser davantage cet actif aux yeux des investisseurs. Le cours de la 1ère devise numérique par la capitalisation (670 milliards de dollars) a doublé depuis le début de l’année, et pris plus de 30% depuis fin août. Le bitcoin a brièvement dépassé 35.000 dollars la semaine dernière. Il est tiré par les spéculations autour de la création d’un fonds indiciel (ETF) en bitcoin, un produit d’investissement qui suivrait directement le prix de la cryptomonnaie. Ce «spot ETF Bitcoin» permettrait à une plus grande partie du grand public d’investir dans la cryptomonnaie sans avoir à en acheter directement. Son approbation aux Etats-Unis «est désormais affaire de «quand» et non de «si»», croit savoir Charles Morris, fondateur de la société d’analyse ByteTree. Fin octobre, une cour d’appel fédérale de Washington a confirmé une décision, rendue fin août, qui donnait raison au gestionnaire d’actifs Grayscale contre le gendarme des marchés américains, la SEC, qui avait refusé d’autoriser son ETF. La SEC devra donc réexaminer la demande. Et le régulateur a en outre d’autres dossiers sur la table, dont celui d’Ark Invest et 21Shares. L’acceptation d’un tel placement susciterait une ruée vers le cryptoactif, selon M. Morris, mais «lentement, sur une longue période», de façon similaire à ce qui s’était passé lors de l’approbation d’un fonds indiciel au comptant sur l’or au début du millénaire. Les firmes candidates à la création d’un fonds indiciel dopent déjà les prix, car ces dernières sont tenues de disposer d’un certain seuil de bitcoins avant le lancement d’un tel produit, précise Michaël van de Poppe, fondateur de la plateforme MN Trading. Un spot ETF bitcoin positionnerait en outre la cryptomonnaie comme «un actif légitime et fiable», affirme Felix Hartmann, associé chez la firme Hartmann Capital. Il existait déjà plusieurs véhicules d’investissement dans les cryptomonnaies qui ne nécessitaient pas d’en détenir soi-même, dont le GBTC – fonds du gestionnaire d’actifs Grayscale investi en bitcoins mais qui n’est pas un ETF et ne suit pas directement le cours de la devise. Et le spot ETF Bitcoin sera accessible à «un segment de population totalement non desservi jusqu’à présent», là où les fonds d’investissements traditionnels sont réservés à des «particuliers fortunés», relève M. Hartmann. Pour l’expert, sa création représenterait une «étape énorme», qui ouvrirait «les portes à une adoption institutionnelle significative». La plupart des projets proposés étant «assez similaires», «il serait raisonnable de supposer que la SEC en approuve plusieurs à la fois», explique Sui Chung, qui dirige CF Benchmarks, une société spécialisée fournissant des données de marché à 7 postulants à la création d’un spot ETF Bitcoin sur 11, dont BlackRock. De quoi «ouvrir la voie au lancement d’ETF qui suivent d’autres cryptomonnaies», ajoute le PDG. Dans un contexte géopolitique incertain, certains investisseurs ont également tendance à se tourner vers les cryptoactifs – pourtant réputés volatils – comme valeur refuge, a récemment affirmé le PDG de BlackRock Larry Fink. «Le rebond que nous observons en octobre semble lié à un seul catalyseur: l’enthousiasme suscité par une éventuelle approbation» du spot ETF Bitcoin, estime pour sa part Clara Medalie, analyste pour le fournisseur de données sur les actifs numériques Kaiko. Cette perspective insuffle un vent d’espoir dans un secteur marqué par son lot de faillites et de scandales, alors que se déroule actuellement à New York le procès de Sam Bankman-Fried, ancien patron de la plateforme d’échanges de cryptomonnaies FTX. Cette affaire, et d’autres similaires, avaient à l’époque provoqué un exode des capitaux investis dans les cryptoactifs.