P. BLASSEL (Hadopi) : « Le développement de l’offre a accompagné le développement des pratiques légales »

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Selon l’édition 2020 du Baromètre de la consommation de biens culturels dématérialisés publiée par l’Hadopi, le nombre de consommateurs de biens culturels en ligne, en hausse constante depuis 10 ans, a atteint des niveaux records. Détails avec Pauline BLASSEL, Secrétaire générale de l’Hadopi.

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31% des consommateurs déclarent consommer désormais plus de biens culturels dématérialisés qu’avant le 2ème confinement. Est-ce lié à la conjoncture ?

Pauline BLASSEL

Bien entendu. Mais c’est une tendance qui s’est maintenue sur l’année. L’augmentation de la consommation a été déclenchée lors le 1er confinement. En 2020, les internautes étaient 62% (contre 56% en 2019) à accéder au moins à un abonnement payant, principalement à des services de vidéo à la demande, et ils ont maintenu ces abonnements. On a l’impression que c’est une tendance pérenne. A confirmer en 2021.

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Pour autant, la baisse de la consommation illicite engagée depuis 3 ans a-t-elle été interrompue ?

Pauline BLASSEL

La consommation illicite s’est stabilisée à 26%, soit un taux équivalent à celui observé en 2019. Le rebond a eu lieu lors du 1er confinement. Mais dans l’ensemble, on se réinscrit dans une tendance baissière du piratage des contenus audiovisuels, hors contenus sportifs. Nous allons clairement vers un mieux grâce à une satisfaction croissante des consommateurs à l’égard des offres audiovisuelles qui répondent aux attentes. Près de 40 millions d’internautes sont consommateurs de biens culturels en ligne en 2020. Il reste néanmoins un grand nombre de personnes qui piratent : plus de 10 millions chaque mois. Même si la tendance de la consommation illicite est à la baisse au fil des années, nous serions favorables à un renforcement de nos moyens d’action. Maintenant que l’offre légale est satisfaisante, nous pouvons obtenir de meilleurs résultats.

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Quel est le profil de ces 10 millions de pirates en France ?

Pauline BLASSEL

Plus le temps passe, plus les profils se diversifient. Les pratiques restent encore très marquées chez les jeunes consommateurs. Mais nous trouvons également beaucoup d’hommes de 35 ans, urbains, CSP+ et technophiles. Nous avons une pyramide de piratages plus étalée et qui va parfois séduire des consommateurs plus âgés. Paradoxalement, les 15-24 ans sont plus nombreux à déclarer avoir augmenté leur consommation d’au moins un bien culturel (74%). Le développement de l’offre a accompagné le développement des pratiques légales.

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Allez-vous continuer à mettre en œuvre la fameuse procédure de réponse graduée ?

Pauline BLASSEL

Oui, ça se poursuit. Nous avons aussi un rôle de documentation, d’alerte et d’accompagnement à travers des études dédiées. Nous essayons d’identifier les pratiques émergentes pour prévenir les ayants droit, et les accompagner au mieux dans les démarches qu’ils peuvent initier. Ça reste un sujet essentiel de notre activité. Nous sommes également vigilants sur le développement des pratiques illicites d’IPTV, de live streaming mais aussi de stream ripping qui concerne plus la musique. Enfin, nous préparons la transposition de la directive droits d’auteurs qui concerne plus les contenus culturels sur les grandes plateformes.