John HEINSEN, Producteur exécutif et CEO de Bunnygraph Entertainment et Chris THOMES, VP Digital Media Studios pour Disney/ABC
Comment la mutation du secteur de la production audiovisuelle aux Etats-Unis impacte-t-elle les futurs projets des chaînes et des producteurs ? Réponse avec deux membres de la «Producers Guild Of America», l’un représente le point de vue du producteur indépendant et l’autre, les networks. Dans le cadre de la «ComTech Academy» du Festival de Télévision de Monte-Carlo, média+ s’est entretenu avec John HEINSEN, Producteur exécutif et CEO de Bunnygraph Entertainment et Chris THOMES, VP Digital Media Studios pour Disney/ABC.
MEDIA +
Le secteur audiovisuelle subit une mutation forte. Comment le vivez-vous ?
JOHN HEINSEN
La mutation du secteur perturbe les schémas en place. Ce mouvement est plutôt intéressant parce que la télévision évolue tout comme la façon dont les contenus sont consommés et partagés. L’iPhone, c’est la nouvelle TV. Cela donne beaucoup plus d’opportunités aux téléspectateurs ainsi qu’aux créateurs de contenus.
CHRIS THOMES
Concernant les networks, les choses bougent également. Nous essayons de générer de la publicité d’une nouvelle façon. Les annonceurs sont en demande. Nous scellons dès lors des partenariats à plus long terme avec les publicitaires autour de programmes. Lorsque nous lançons des séries, nous rentrons rapidement dans nos coûts. Face à l’attractivité des chaînes à péage qui voit leur part d’abonnements augmenter, les réseaux traditionnels ont une nouvelle relation à créer avec les annonceurs.
MEDIA +
Les futurs programmes seront-ils davantage financer par la pub ou par les abonnements ?
JOHN HEINSEN
Ça viendra des deux ! Beaucoup de chaînes câblées disparaissent aujourd’hui dans le monde. Il va donc falloir créer des niches avec des chaînes hyper spécialisées.
CHRIS THOMES
Le défi pour les réseaux traditionnels, est de ne pas laisser Netflix être le distributeur de leurs séries. Netflix paye très cher pour les distribuer. Mais d’ici quelque temps, nombreuses seront les chaînes gratuites à ne plus vendre leurs contenus à ce type d’acteurs. Elles vont lancer leur propre écosystème payant avec des licences qu’elles vont précieusement travailler.
MEDIA +
Les producteurs peuvent-ils trouver de nouveaux business model ?
JOHN HEINSEN
Ce qui a été difficile à accepter pour les studios, c’est de faire en sorte que le budget marketing d’une série soit utilisé après sa fabrication. Sur le numérique, au-delà de la publicité, il faut trouver le nouveau relai de croissance. Il va falloir créer des partenariats à long terme avec Samsung et Google. A l’avenir, ils financeront une partie du programme et l’aideront à le distribuer sur leur propre plateforme. C’est une façon complètement différente de penser la télévision.
CHRIS THOMES
Les producteurs et les programmateurs doivent penser comme des agences de publicité. Il s’agit de façonner une image de marque auprès du public et ensuite de raconter des histoires qui les représentent.
MEDIA +
Avec la SVOD, la TV linéaire peut-elle encore tenir 5 ans ?
CHRIS THOMES
La consommation linéaire va décliner, mais ne disparaîtra pas. Si vous n’êtes qu’un distributeur, il va falloir vous poser des questions. Il faut savoir que les tendances fonctionnent par cycles.
MEDIA +
A quoi ressemblera le futur de la Social TV ?
JOHN HEINSEN
L’espace numérique est une convergence de trois choses : le média traditionnel, la publicité et la technologie. Nous devons être flexibles et nous adapter à ces technologies en tant que producteurs. Il n’y a pas de normalisation sur le marché. La force du numérique, c’est de pouvoir créer des communautés.
CHRIS THOMES
Aujourd’hui, les téléspectateurs sont très connectés. Et si vous racontez une bonne histoire, ça leur donne envie de s’impliquer. Les scénaristes et leur implication dans ce processus sont importants pour étendre l’univers de la série sur d’autres supports.
