Maxime SAADA (CANAL+) : «On change de cap pour mieux rebondir»

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Maxime SAADA, Directeur général du Groupe CANAL+

CANAL+ remet les choses à plat. Hier midi, l’équipe dirigeante du Groupe CANAL+, réunie au siège de Vivendi à quelques pas des Champs-Elysées, a présenté à la presse les grandes lignes stratégiques du nouveau CANAL. Introduite par Vincent Bolloré, cette rencontre a redéfini, une à une, les étapes de transformation du groupe audiovisuel. Interrogé à l’issue de la conférence, Maxime SAADA, Directeur général du Groupe CANAL+, nous récapitule les points clés de ses annonces.

MEDIA +

Beaucoup de changements stratégiques en perspective sur CANAL+. Quelle est votre ambition?

MAXIME SAADA

L’objectif pour CANAL+ est de retrouver une croissance de son parc d’abonnés qui représente l’essentiel de l’économie du groupe en France Métropolitaine et à l’international. Aujourd’hui, nous avons une formidable croissance à l’étranger et nous souhaitons la retrouver dans l’Hexagone. Il n’y a pas de raisons qu’on ne progresse pas en abonnés dans la mesure où le nombre de gens qui souscrivent à la télévision payante en France est encore assez faible. Avec 5,5 millions d’abonnés à CANAL+ ou CANALSAT sur un total de 28 millions de foyers français, nous pensons qu’il y a beaucoup de potentiel à recruter de nouvelles personnes grâce à des programmes plus excitants et de nouvelles offres que nous dévoilerons à la rentrée.

MEDIA +

Quelles sont les motivations d’abonnement à CANAL+ ?

MAXIME SAADA

Les 1ères motivations d’abonnement à CANAL+ sont de loin le cinéma et le sport même si nos créations originales ont de plus en plus d’importance dans la fidélité de nos abonnés. Près de 60% d’entre eux citent la création originale comme un élément très fort de motivation à l’abonnement.

MEDIA +

Sur CANAL+, l’information, «Le Zapping», «Spécial Investigation» disparaissent…

MAXIME SAADA

Oui, c’est un changement de cap. On souhaite revenir aux fondamentaux de CANAL+, à savoir, une chaîne définie sur un positionnement pop/culturel, plutôt que de proposer un énième JT – qu’ils voient sur toutes les chaînes – ou une énième émission politique. La force de CANAL+ est de couvrir l’ensemble des thématiques culturelles: sport, cinéma, e-sport, littérature que nous développerons avec Augustin Trapenard, ou encore les séries télévisées qui auront pour la première fois un rendez-vous hebdomadaire sur CANAL+.

MEDIA +

Ceux qui ont entamé un bras de fer avec la direction de CANAL+, comme l’équipe de «Spécial Investigation», le payent-ils aujourd’hui ?

MAXIME SAADA

A la limite, ce n’est pas le sujet. L’enjeu est de savoir ce qui est distinctif et ce qui fait la force de CANAL+ par rapport à d’autres chaînes. Sur l’investigation, j’ai considéré que nous n’étions pas suffisamment différents par rapport à d’autres chaînes. Nous voulons dorénavant nous porter sur des documentaires plus ambitieux qui ont vocation à s’exporter et dans lesquels nous mènerons aussi de grandes enquêtes.

MEDIA +

Le clair sur CANAL+ sera réduit à 2H maximum/jour. Pourquoi ce choix ?

MAXIME SAADA

Avec 6 heures de clair par jour, nous étions manifestement au bout du modèle sur CANAL+. Mais donner à voir quelques minutes de programmes forts (film, match de football ou divertissement), en  échantillonnage, ça nous semble intéressant.

MEDIA +

Quid de C8 ?

MAXIME SAADA

D8 qui va devenir C8 a pris énormément d’importance cette année non seulement avec «Touche pas à mon poste !» qui est de loin le talk-show leader en France, y compris sur les CSP+, mais aussi avec des rendez-vous qui nous ont propulsés première chaîne de France, comme  la finale de la Coupe des Champions avec 22% de pda. Avec des rendez-vous très événementiels comme «Hunger Games», nous pouvons reproduire, voire dépasser les scores des chaînes leaders hertziennes. C8 va encore se renforcer pour atteindre la force du clair de CANAL+ à son apogée. A noter que Daphné Bürki rejoint la chaîne pour «La Nouvelle Edition» et Thierry Ardisson avec «Salut les Terriens». La logique d’investissement a été renforcée. Nous avons les moyens de nos ambitions.

MEDIA +

Un mot sur iTELE, en grève hier, bientôt rebaptisée CNews ?

CATHERINE NAYL

Dans l’univers concurrentiel dans lequel évolue la chaîne, il faut prendre un certain nombre de mesures pour pérenniser son avenir. Elle doit retrouver une économie saine, alors qu’elle perd cette année 25 M€ sur un chiffre d’affaires inférieur à 40 M€. On ne peut pas rester dans une situation comme celle-là. L’idée est de nous appuyer sur l’ensemble des équipes du groupe CANAL+, comme la rédaction des sports. Par ailleurs, nous sommes en discussion actuellement avec les équipes de CNews pour déterminer comment fonctionner de manière sereine, avec un peu moins d’effectifs, afin de retrouver une économie raisonnable.