Les réseaux sociaux investis par la diplomatie

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Des photos de la voiture d’un ambassadeur prétextes à un débat sur la corruption, les tweets de la reine Rania atouts de la Jordanie pour attirer investisseurs et touristes: gouvernements et diplomates se saisissent des réseaux sociaux pour établir des dialogues à travers le monde, malgré certains risques. «Les outils numériques – y compris les réseaux sociaux – sont utilisés par un nombre croissant de pays», explique Antonio Deruda, auteur du livre «Diplomatie numérique». «C’est un procédé important qui peut être très utile pour les gouvernements (…) pour établir un dialogue avec le public à l’étranger». En un seul clic, Ottawa est ainsi récemment parvenu à impliquer des centaines d’internautes chinois dans un débat sur la corruption et la transparence sur l’un des réseaux sociaux les plus populaires de Chine. Des photos de la voiture de l’ambassadeur canadien David Mulroney en Chine, postées sur sa page sur le réseau Weibo, ont généré une réponse massive et instantanée de centaines d’internautes chinois s’extasiant sur ce véhicule relativement moins cher que ceux des ambassadeurs chinois. Washington est à la pointe de cette «diplomatie numérique». Dans une guerre de propagande avec Damas, l’ambassadeur américain en Syrie Robert Ford a utilisé la page Facebook de l’ambassade pour publier des images satellite déclassifiées montrant des mouvements de troupes dans des lieux civils. Aujourd’hui, près de 300 comptes Twitter sont affiliés au Département d’Etat, dont ceux des ambassadeurs ou des ambassades, plus de 400 pages Facebook et 180 documents YouTube. «Un des avantages de l’utilisation de ces technologies, c’est que nous sommes présents dans des endroits où nous n’avons pas de présence diplomatique», souligne Victoria Esser, en charge de la stratégie technologique au Département d’Etat. A l’inverse, la secrétaire d’Etat Hillary Clinton a fait l’expérience de la puissance des réseaux sociaux à ses dépens lorsqu’un Barack Obama féru de technologies a remporté les primaires démocrates de 2008.