F. COAT/ M. SPAVONE (Program33) : «Nous voulons clairement creuser le sillon de la fiction»

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Entre cold case médiéval et film d’animation spectaculaire, «L’Affaire Jeanne d’Arc», diffusé le 19 décembre sur France 2 en Prime, plonge dans la guerre de Cent Ans et dessine le portrait d’une jeune femme à l’incroyable destin. Quelle est la genèse du programme ?

Fabrice COAT

Il s’agit du 3ème épisode de notre collection «L’Épreuve des siècles». Après avoir produit «Le Dernier Gaulois» (2015) et «Notre-Dame de Paris» (2019), nous nous attelons à «L’Affaire Jeanne d’Arc». Dès l’origine, nous avons eu la volonté de porter l’Histoire à l’écran autrement. L’objectif est de réunir un public familial autour d’une histoire complexe mais qui soit à la fois intelligible et divertissante. Les équipes – auteurs, réalisateurs et producteurs – commencent à maîtriser cette grammaire si singulière.

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Comment avez-vous conçu cette grammaire propre au docu-fiction ?

Michel SPAVONE

D’abord, nous avons dû considérer tous les aspects artistiques et économiques. Cette réflexion nous a menés à choisir le format docu-fiction car il offre une opportunité exceptionnelle d’expérimentation en termes de puissance narrative, malgré les difficultés et les défis économiques que cela implique. Notre travail porte sur des périodes historiques où nous ne négligeons pas l’aspect spectaculaire… et la véracité historique ! Dans le cadre du documentaire, nous souhaitions aussi avoir une flexibilité créative accrue. Cela nous a conduits à opter pour l’animation 3D, qui donne vie à ces époques disparues, et donne beaucoup de solutions face à la diversité des décors et des personnages. Pour réaliser ce film, nous avons réuni un budget de plus de 3 M€.

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Avez-vous des touches à l’international ?

Fabrice COAT

Le marché international est relativement compliqué. Les films s’acquièrent davantage en achat, et de moins en moins en pré-achat, surtout quand on propose des formes très innovantes comme celle-ci. Cependant, dès que l’on peut montrer un film terminé avec une animation finalisée, les diffuseurs internationaux saisissent ce que nous leur proposons et montrent un intérêt marqué.

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Allez-vous creuser le sillon des docu-fictions ?

Michel SPAVONE

Bien sûr ! Contrairement aux docu-fictions de style anglo-saxon, où la fiction ne fait qu’illustrer un propos, nous adoptons une approche différente. Pour nous, un docu-fiction devient captivant quand il repose sur une fiction minutieusement documentée et qu’elle constitue le moteur du récit. Dans cet esprit, nous avons produit en 2013 «La Malédiction d’Edgar» pour Planète+ et Arte. Bien que le concept de documentaire fiction ne soit pas nouveau, c’est un défi complexe. Il est important d’éviter la facilité de recourir à la fiction pour simplement combler les images manquantes. Ce processus est extrêmement technique d’un point de vue éditorial. Nous donnons aux auteurs une liberté créative, tout en veillant à ce qu’ils restent fidèles à la réalité, sous le contrôle rigoureux des historiens.

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Un mot sur «Tracks», le magazine culturel ?

Fabrice COAT

Program33 ne fournit plus le rendez-vous antenne de «Tracks» pour ARTE. En revanche, depuis novembre, nous avons relancé une nouvelle offre numérique destinée aux plateformes telles qu’Arte.TV, YouTube, Instagram et Facebook. Le début est prometteur avec de nouveaux contenus mis en ligne deux fois par semaine.

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Quel volume de documentaires produisez-vous par an ?

Fabrice COAT

Entre 10 et 15 films chaque année, dont la plupart est diffusée en Prime Time. Nous avons récemment produit «Nous les Ouvriers» (France 2) et «Infirmières, notre Histoire» (France 3). A venir pour M6, «Nos Restaurants, une grande histoire française» qui raconte l’histoire de ces établissements, une invention française, de la fin du 18ème jusqu’à nos jours. Cette histoire est racontée par tous les plus grands chefs.

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Quels sont les principaux défis pour Program33 dans les années à venir ?

Fabrice COAT

Nous voulons clairement creuser le sillon de la fiction.

Michel SPAVONE

Et en tant que producteur de documentaires indépendants, nous voulons toucher un public plus jeune en proposant de grands films qui s’adressent à tous les publics. Les structures d’audience de nos derniers Primes en animation 3D ont d’ailleurs montré que le pari du rajeunissement était réussi.

LES DIRIGEANTS

F. COAT

Fondateur et PDG

Michel SPAVONE

Producteur exécutif

COORDONNEES

33 rue Trousseau 75011 Paris 

DATE DE CREATION

1985

PRODUCTIONS

«L’Affaire Jeanne d’Arc» (France 2); «Nous paysans» (France 2) ;…